Cette seizième édition d’OMBILIC propose, à partir de la procréation hors-sexe rendue aujourd’hui possible par les progrès de la science, une déclinaison d’éclairages quant à la mise en jeu du désir d’enfant.
C’est dans une toile de Sandro Botticelli, dépeignant le mystère connu sous le nom de Colloque angélique, que Vicente Palomera déplie le trouble de Marie, confrontée à l’épreuve de son désir. Ce trouble, ou Conturbatio, première condition avancée par les prédicateurs au mystère de l’Annonciation, n’est pas sans faire écho à l’émoi évoqué par Lacan dans le Séminaire X lorsque la décision critique de consentir à son propre désir surgit.
Après la peinture, c’est au cinéma que nous invite Valérie Bussières, avec Le Déjeuner sur l’herbe de Jean Renoir. Cette fiction, au temps des balbutiements de la procréation avec donneur, met en scène l’increvable malentendu indissociable de la naissance : Face à l’indomptable du vouloir, le scénario fantasmatique gardera son cap pour effleurer la vérité du désir.
Dans la société dystopique de La Servante écarlate, un ordre où la reproduction de l’espèce est séparée de la maternité, Cinzia D’angelis propose une version de la féminité chez l’héroïne, dont le désir d’enfant apparaît comme un grain de folie décidé.
Enfin, ce tour se boucle et se rouvre sur La Genèse. Avec la science, ce qui semblait à l’origine aller ensemble se manifeste maintenant comme séparé, et il n’existe plus d’opinion commune à propos des meilleures façons de jouir des corps. Susana Huler fait résonner la création d’Ève par Dieu, de la côte d’Adam, en tant qu’ezer kenegdo, une aide contre lui, comme solution incluant le mouvement du désir, permettant d’abandonner la jouissance auto-érotique et rendant possible les illusions de l’amour.
Bonne lecture.
Bibliographie
Miller, J.-A., “ L’orientation lacanienne. Un effort de poésie “, Leçon du 13 novembre 2002, 2002-2003, enseignement prononcé dans le cadre du département de psychanalyse de l’université de Paris VIII, inédit.
Photographie : ©Nathalie Crame